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Parents 31

Les 1000 premiers jours : témoignages de parents

Image par Luna Lee de Pixabay

Dans le cadre de notre dossier sur les 1000 premiers jours, nous avons contacté des parents ayant participé à des événements proposés par les structures du réseau parents31.fr.

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Laureline, référente Maman Blues 31

« Sur le coup j'’avais l’impression d’être folle, d’avoir fait une énorme bêtise, de ne pas être faite pour être mère.»

J’ai glissé dans la difficulté maternelle quand je suis devenue mère pour la deuxième fois, et cela a duré un an et demi. Je n’ai posé les mots de « difficulté maternelle » que bien longtemps après en être sortie. Sur le coup, j’avais l’impression d’être folle, d’avoir fait une énorme bêtise, de ne pas être faite pour être mère.

Ce qui m’a alertée, c’est mon mal-être au quotidien. Je n’avais aucun plaisir à m’occuper de mes enfants (un aîné en petite section de maternelle, et une petite puce de quelques mois) alors même que je rêvais d’être maman depuis mes 16 ans. J’angoissais à l’idée de m’en occuper seule, et j’avais le sentiment d’être prisonnière de ma fonction maternelle. J’ai eu des phobies d’impulsion aussi, beaucoup. Là encore je n’ai mis le mot sur ces pensées qui me traversaient que bien plus tard. J’avais des flashs, où je me voyais faire du mal à mes enfants ou à moi-même.

C’était terrifiant, à tel point que j’étais persuadée que ma famille (enfants et conjoint) serait tellement plus heureuse sans moi. Que j’étais nocive et dangereuse pour eux. Et que mon mal-être impacterait mes bébés tout au long de leurs vies et marquerait profondément leurs personnalités.

Cela a impacté ma vie de famille. Mon couple tout d’abord, car l’ambiance à la maison était plutôt triste et morose. Mon mari, qui a déjà une vie professionnelle très prenante, rentrait de plus en plus tard (ce que je peux comprendre aujourd’hui, vu l’état de tensions dans lequel il me trouvait). Et plus il rentrait tard, plus je lui en voulais de ne pas sembler aussi  impacté que moi par sa parentalité et de ne pas « m’aider » avec les enfants.
Ma relation avec mes enfants a aussi été impactée, ceux-ci devant ressentir mon mal-être, ils avaient besoin de plus de sécurité affective et de réassurance psychique que ce que j’étais en capacité de leur donner à ce moment-là. Je verbalisais beaucoup mes émotions auprès d’eux, en leur répétant que je les aimais et qu’ils n’y étaient pour rien.

Pour le reste de la famille, je pense que la plupart voyait que je n’étais pas hyper épanouie dans ma maternité, pour autant j’arrivais à donner le change et personne ne s’est douté de la profondeur des difficultés psychiques que je traversais.

Je ne parlais pas en détail du mal-être que je ressentais et de tout ce qui se passait en moi à mon mari, (un peu honteuse tout de même de ne pas m’épanouir en tant que femme dans ma maternité, comme la société peut le véhiculer). Mais j’ai pu lui exprimer mon besoin de relai, de souffler, et il m’a poussée à prendre du temps pour moi. Le week-end, pendant qu’il prenait le relai (avec plaisir) auprès des enfants, je quittais la maison. Au début je culpabilisais et m’inquiétais, puis j’ai réussi à lâcher prise sur la manière dont il s’occupait des enfants et à assumer le fait que j’avais besoin, en tant que personne, d’avoir du temps pour moi toute seule.

Travaillant dans le domaine de la petite enfance, je me suis renseignée sur les lieux d’accueil enfants-parents (Laep), afin de trouver un tiers-lieu où passer du temps avec ma fille, pour nous sortir de ce quotidien très pesant. Je suis allée au Laep de ma ville deux matinées par semaine pendant trois ans, ça a été salvateur ! Pouvoir échanger avec d’autres parents, me rendre compte qu’on traverse tous des difficultés, que c’est normal, que la parentalité ça bouscule, parfois fort, avoir le recul de professionnels aussi, pour faire baisser mon sentiment de culpabilité, cela m’a fait beaucoup de bien. J’ai vu ma fille changer aussi : peu à peu s’ouvrir aux autres (adultes et enfants), être moins craintive, se séparer de moi (de manière relative, le temps d’une activité proposée par une des professionnelles du lieu), une bulle d’oxygène !

En parallèle j’ai entamé un suivi avec une psychologue, à qui je n’ai rien caché de mon mal-être. Cette prise de recul m’a donné un nouvel angle pour comprendre ce que je traversais et des outils supplémentaires pour avancer plus sereinement dans ma maternité.

Ce que j’ai envie de dire à chaque parent qui traverse des turbulences : partager ce fardeau, libérer la parole, c’est déjà le rendre plus léger et ouvrir la porte pour vous faire accompagner. Vous faites ce que vous pouvez, et pas ce que vous voulez : on ne choisit pas d’être en difficulté dans nos parentalités et cela peut toucher tout le monde. Cela ne fait pas de vous des mauvais parents. Je crois que l’on oublie souvent qu’avant d’être un parent, nous sommes des individus à part entière, avec des besoins plus ou moins intenses selon nos personnalités/sensibilités. Et que c’est normal d’avoir besoin de se retrouver avec soi-même, ce n’est pas être égoïste. J’aime beaucoup l’image du vase : pour pouvoir remplir celui des autres (de nos enfants par exemple), il faut que le nôtre soit plein, sinon nous n’avons plus rien à verser. Donc pour prendre soin des autres, il est capital de prendre avant tout soin de soi…
Partager mon expérience avec d’autres parents (quand je me suis sentie prête à le faire) et entamer un suivi avec un professionnel compétent et de confiance, ont été mes deux bouées pour sortir la tête de l’eau.

Aujourd’hui je tiens à être présente, disponible et à l’écoute pour celles et ceux qui sont touché(e)s par ces difficultés parentales, et aussi pour sensibiliser les professionnels de la périnatalité sur ce sujet encore trop tabou. C’est pour ces deux raisons que je suis devenue référente pour Maman blues.

Irène, Maman adhérente et bénévole
de l’association À la Volette

«J'ai pu affiner ma posture bienveillante envers mon fils»

J’ai poussé la porte de l’association pour partager une activité avec mon bébé, dans un cadre bienveillant et non jugeant quant à mon choix de maternage proximal.

La dynamique relationnelle instaurée par l’animatrice dans ses ateliers est empreinte de communication non violente conjuguée aux préceptes de la pédagogie Montessori (liberté de choix d’activité et de mouvement, apprentissage par l’expérience, respect du rythme de l’enfant).

En l’observant et en profitant des livres mis à disposition des familles, j’ai pu affiner ma posture bienveillante envers mon fils. La curiosité a laissé place à l’engouement pour approfondir ces notions. J’ai ainsi pris la décision de me former à la pédagogie Montessori et à différentes approches centrées sur l’aide à la parentalité. Je me sens à ce jour beaucoup plus éclairée sur le choix de mes attitudes éducatives pour maintenir un lien apaisé, dans le respect des rythmes de l’enfant.

Vicky G. adhérente de l'association Parentescence

« Cette période nous a permis de nous accorder du temps et notre enfant le ressent »

Comment avez-vous connu Parentescence ?
C’est une amie à moi qui m’en avait parlé. Elle suivait alors les ateliers de portage.

Que recherchiez-vous ?
Avant l’accouchement je souhaitais me renseigner sur l’allaitement et être accompagnée. 

À quel(s) atelier(s) avez-vous participé ?
J’ai suivi les réunions allaitement qui sont gratuites et ont lieu une fois par mois. J’ai également suivi des ateliers massages après la naissance ainsi qu’un atelier portage avec Blandine.
Mon conjoint, lui,  a fait le premier atelier massage, puis il a repris le travail. Mais cela nous a permis d’échanger et de partager différentes informations.

Quels bénéfices avez-vous constaté ?
L’atelier portage a été très bénéfique notamment sur les pleurs du soir. De plus, cette période nous a permis de nous accorder du temps et notre enfant le ressent. On a écouté son rythme. On a pris nos marques tous les 3. Cela nous a aidé à être rassurés, et donc rassurants. 

Blandine et Laureline ont une écoute bienveillante et se sont adaptées aux différentes périodes de confinement. J’ai pu les contacter par messagerie instantanée et par email pour des questions sur l’allaitement tout au long de mon congé maternité.

Recommanderiez-vous ce type d’ateliers à de futurs ou jeunes parents ? Pourquoi ?
Oui, sans hésitation. Le premier pas est difficile car on est dans une société qui estime qu’on doit tout réussir sans l’aide de personne mais les bénéfices sont la !

Avec le recul, quels enseignements tirez-vous de ces moments passés ?
Je ne serais pas la même maman et mon bébé ne serait pas le même bébé s’il n’y avait pas eu Parentescence !

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« J'ai compris alors que ce que je vivais était "normal" et que cela irait mieux.»

Je suis maman d'une petite fille de bientôt 4 mois.
Ma grossesse s'est très bien passée, j'abordais la venue de mon bébé sereinement et je pense que je ne m'attendais pas aux difficultés des premières semaines. Cela a peut-être exacerbé ma fragilité par la suite. Je précise cela car je regrette de ne pas avoir été préparée sur ce qui nous attend (je pense là à la difficulté maternelle dans son ensemble).

L'accouchement s'est bien passé. Les premières difficultés sont arrivées rapidement à la maternité car l'allaitement a été très douloureux. J'ai mal vécu mon séjour à l'hôpital nous recevions des informations souvent contradictoires selon les soignants quant à l'allaitement et aux soins du bébés. Ma fille perdant du poids, j'ai senti une grande pression du personnel de l'hôpital. J'ai ressenti là une première sensation de ne pas être à la hauteur (je n'avais absolument pas imaginé que l'allaitement était aussi technique finalement).

J'ai été submergée par un flot d'émotions au retour à la maison. Je pleurais très facilement, sans pouvoir me contrôler.
Face à l'épuisement, aux "séquelles" de l'accouchement (difficultés à m'asseoir à cause des points), à l'allaitement qui était très douloureux, j'ai vite ressenti des sentiments dont j'avais réellement honte : la nostalgie de ma vie passée et de l'accouchement, le sentiment d'être complètement incompétente en tant que maman (allaitement qui restait très douloureux, ma fille qui ne prenait pas de poids et qui pleurait beaucoup,...), une énorme angoisse quant à la responsabilité qui m'incombait alors…
A cela s'ajoutaient les tensions avec mon conjoint, la fatigue accentuant souvent la situation. Mais grâce au congé paternité, nous commencions à prendre un rythme.

Les choses ont pris une autre tournure lorsqu'il a repris le travail et que je me suis retrouvée seule à la maison avec mon bébé.
Je commençais à avoir des angoisses dans ces moments-là, et je culpabilisais terriblement de les transmettre à mon bébé. Je me sentais de plus en plus nulle, je me disais que jamais je n'y arriverais. Mon bébé pleurait beaucoup et je ne pouvais pas la poser, elle ne dormait que dans mes bras (et donc je ne pouvais pas me reposer ou bien même parfois manger; me doucher). Je n'avais pas imaginé des besoins aussi intenses d'un nourrisson.
J'ai alors pris conscience que je n'allais pas bien et que cela ne faisait qu'empirer.

J'ai donc décidé de rencontrer une sage-femme psychologue dont on m'avait parlée. J'ai compris alors que ce que je vivais était "normal" et que cela irait mieux. Elle m'a encouragé à ne pas rester seule, à oser demander de l'aide. J'ai ensuite assisté à un groupe de mamans avec elle et c'est aussi à ce moment-là que je me suis tournée vers Maman Blues. Mon bébé avait alors 2 mois et une semaine. Jamais je n'aurais cru participer à ce genre de réunion, je suis assez réservée (et je ne savais pas que cela existait).
J'ai connu l'association grâce à Parentescence (via mon ostéopathe qui est membre) avec qui j'ai découvert qu'il existait plein d'ateliers intéressants où bébé était le bienvenu.

J'ai donc fait la connaissance de Laureline au cours d'un groupe de parole, où deux autres mamans étaient présentes. Ce que j'ai trouvé frappant, que ce soit à son contact ou bien avec les autres personnes rencontrées lors d'activités liées à la parentalité, c'est la grande bienveillance et l'écoute. Cela a été très aidant !
J'ai d'ailleurs parlé de ces ateliers à une collègue qui venait d'être maman. J'ai alors découvert qu'elle rencontrait les mêmes difficultés, ce qui nous a beaucoup rapproché.

Je n'ai participé qu'une fois au groupe avec Maman Blues car je suivais déjà un autre groupe avec la sage-femme psychologue (une fois par mois), et puis les autres rencontres avec l'association avaient lieu en visio, ce que j'aimais un peu moins. Une grande complicité est née entre les mamans du groupe.

Une partie de mes difficultés est derrière moi mais je sens que cela reste encore fragile, je rencontre d'autres problématiques.
Mon conjoint n'a jamais assisté à ces groupes (il travaille et puis c'est mon espace de parole). Mais il valide bien sûr le fait que j'y participe.
Actuellement, j'ai dans mon entourage plusieurs femmes enceintes. Je ne cache pas les difficultés qui se présentent après l'accouchement, je pense qu'il faut en parler, tout en gardant en tête que chaque expérience est unique évidemment. Savoir tout cela m'aurait, je pense, beaucoup aidé.
Lorsque je leur parle des groupes de parole, je sens une gêne vis-à-vis de cette démarche. Il y a peut-être quelque chose à faire à ce niveau-là pour les rendre plus accessibles.

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